L' Alcoolique Mondain
  • Journal érotico-cynique de Théophane Dumartray
  • Edito
  • Art & Littérature



Week-end de la Toussaint : chasse à courre chez Elizabeth

3/11/2015

0 Commentaires

 
​J’ai, chose curieuse, passé le week-end de la Toussaint chez les parents d’Elizabeth. La proximité des bois sombres, cette famille qui n’était pas la mienne, le rappel magnifié de la mort, tout cela promettait quelque apaisement. Hélas, il faisait beau.
 
Nous chassâmes à courre le samedi. Les chevaux, les belles tuniques, les cris des chiens, l’écho des trompes, l’esthétisme de cette activité du temps passé aide à supporter la laideur du temps présent. Il y a du bal costumé là-dedans : on s’habille comme il y a deux siècles, on se déplace à cheval, on se parle dans un français correct, l’usage du téléphone portable y est proscrit, on respecte les vieux et on comprend la nature, personne n’y croit mais c’est divertissant.  
 
Il y avait une fille, magnifique quoique trop mince, à table : Joséphine, la petite cousine d’Elizabeth. Je la trouvai belle mais ne lui parlai pas. Ivres de fatigue, de pâtés, de fromages et de vins, nous sommes allés au lit peu après le dîner.
 
Nous baisâmes sans conviction, par amitié plus que par désir. Elizabeth est sympathique et jolie mais je suis incapable de l’aimer. Cela m’attriste. Est-ce son âge ? Nous avons exactement le même pourtant. Mais ses petites pattes d’oie au coin des yeux, minuscules sillons de la charrue du temps, m’angoissent. J’aime ses sourires et ses griffures de chat. Mais je ne l’aime pas assez pour supporter de la voir vieillir. C’est une grande responsabilité que d’aimer un corps qui bientôt ne pourra plus donner la vie et ne fera que s’affaisser avant de pourrir définitivement.
 
Sur la tombe des grands-parents d’Elizabeth, je pensai à ma mère, emportée par un cancer l’année dernière. Directrice financière de Sanofi, elle était parvenue à plus ou moins nous élever en passant des nuits entières devant son ordinateur. J’aurais dû lui en savoir gré mais je n’avais jamais été très proche d’elle.
 
C’était je jour des morts. Mon père était seul. Cela aurait été sympathique de passer le week-end avec lui mais je ne suis pas ce qu’on appelle couramment « quelqu’un de sympathique ».  
Photo
0 Commentaires



Laisser un réponse.

    Archives

    Octobre 2016
    Août 2016
    Mars 2016
    Janvier 2016
    Décembre 2015
    Novembre 2015
    Septembre 2015
    Août 2015
    Juin 2015
    Mai 2015
    Avril 2015
    Mars 2015

    Author

    Théophane Dumartray 

    Categories

    Tout

    Flux RSS

Powered by Create your own unique website with customizable templates.
  • Journal érotico-cynique de Théophane Dumartray
  • Edito
  • Art & Littérature