Thomas et moi partageons le même bureau. Hormis les burgers congelés de la brasserie d'en face et les discours de François Hollande, il y a peu de choses au monde que je déteste plus que Thomas.
Professionnellement, il est très dur de lutter contre Thomas car il ne travaille pas pour l'argent mais par plaisir. Thomas n'a aucune vie sociale, à part un WE tous les trois mois avec ses deux uniques amis (qu'il a connus en prépa). Thomas aime me raconter ses aventures : "on est allé en boîte, on était déchiré putain". Thomas n'a pas de copine. J'imagine sa chambre avec une belle photo de Plisson sur un mur, une photo de famille sur l'autre et pleins de petits mouchoirs blancs et spermeux parsemant le sol. Ayant organisé mon travail de façon à ce que la plupart des consultants et stagiaires le fasse à ma place, l'après-midi, à part lire des BD de Manara et la Revue des Deux Mondes aux chiottes, je n'ai souvent rien à faire. Pour m'occuper, je catapulte trombones, bouchons de stylo et autres crottes de nez sur Thomas. Il ne réagit pas mais le sait. Cela fait un an qu'il hésite à dire à Grouvion : "Jean-Louis, il y a Théophane qui me lance ses crottes de nez dans les cheveux" mais il n'ose pas de peur de passer, à juste titre, pour un con et un soumis.
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Octobre 2016
AuthorThéophane Dumartray Categories |