L' Alcoolique Mondain
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De la gestion des stagiaires

1/12/2015

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(ressources humaines, cours n°2)

​Julien est venu me voir (et donc me déranger) pour m'annoncer que son stagiaire n'allait pas bien.
 
Je n'ai jamais pris les stagiaires pour des êtres humains mais ne supporte pas l'idée d'un outil de travail défectueux. Or, qui dit stagiaire défectueux, dit Julien défectueux, dit, en bout de chaîne, problème pour moi. Je lui ai donc calmement expliqué :
 
— Ecoute Julien, Henri est ton stagiaire, ton esclave, comme toi tu es le mien. Chacun est personnellement responsable de son esclave. Tu vois ?
— Non.
— Je vais prendre une autre image. Pour éviter les doublons et gagner en efficacité, je pense qu’il est bon que notre hiérarchie s’inspire du système féodal. Or selon ce dernier, le vassal de mon vassal n'est pas mon vassal.
— Tu t'occupes bien d'Elodie !
— Ça n'a rien à voir. Elodie est une stagiaire femelle. Le système n'est alors plus féodal mais monarchique, un lien unique existe entre la paysanne et son roi.
— Tu es fou.
— Je sais.
— Je te dis juste qu’Henri ne va pas bien.
— Personne ne va bien.
— Je ne sais pas quoi faire.
— Moi non plus. Je ne suis pas vétérinaire.
 
Le bougre insista tant qu'il m'obligea, une fois encore, à révéler au monde mon immense mansuétude. J’allai voir l'animal en question : il était, en effet, bon à piquer, ce qui n’est pas de mon ressort mais de celui des ressources humaines.
 
La RH ne sert à rien mais Jean-Louis la saute de temps en temps et elle a parfois son mot à dire sur nos bonus, il est donc primordial de toujours s’adresser à elle poliment.
 
— Bonjour Julie.
— Quoi ?
— Je te dérange ?
— Oui, mais vas-y.
— Je crois que nous sommes en train de perdre un stagiaire.
— Quel matricule ?
— Je n'en sais rien. Il s’appelle Henri.
— Ah, le 312.
— Si tu le dis.
— Je le dis parce que je le sais. Quel est le problème ?
— Ses cernes atteignent un niveau de gris inquiétant et il développe de petits boutons rouges à la racine des cheveux.
— Le cabinet te remercie pour ton diagnostic dermatologique. Mais quel est le problème ?  
— Le problème est qu'il vient d’enchaîner deux week-ends full time et trois "nocturnes", et qu'il est dans un sale état.
— Et donc ?
— Et donc, je me disais que comme tu diriges les ressources humaines, et que les stagiaires sont, légalement en tout cas, des humains... cela pourrait t'intéresser.
— M'intéresser pour quoi ? Avez-vous prévu de le recruter ?
— Pas que je sache.
— Alors !
— Alors quoi ?
— Alors pourquoi l'économiser, Théophane?
— Primo, pour qu'il survive, secundo, pour qu’il véhicule une image positive du cabinet à l’issue de son stage.
— Avec nos résultats, elle est suffisamment positive comme ça, merci bien. Il ne lui reste que trois semaines de toute façon.
— Donc ?
— Donc vous pouvez encore le staffer !
— Ok Julie. Merci pour tes conseils.
— N’oublie pas de refermer la porte derrière toi.
— Ce serait sympa de se faire un déj’ bientôt.
— Oui, Oui.
— Bonne journée.
— La porte, merde !
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