L' Alcoolique Mondain
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Salon du Livre

26/3/2015

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Lorsque j’ai envie de détester davantage l’humanité, je vais au Salon du livre écouter les auteurs vedettes répandre leur diarrhée verbeuse sur un public ravi.

La sauterie littéraire se tient porte de Versailles, c’est à dire à l’endroit le plus moche de Paris pour être bien certain que le public considère, pour de bon, la lecture comme une activité périphérique et ringarde, et cesse définitivement de lire.

Le Salon du livre est bien moins divertissant que le Salon de l’agriculture, mais les truies sont plus jolies. Les intellectuels baladent leurs écharpes en cashmere et leurs miasmes de fin d’hiver, les étudiants en lettres leur paresse et leur incurie. Les attachées de presse rayonnent. Les éditeurs tentent d’avoir l’air heureux. De vieilles habituées jouent des coudes pour obtenir des dédicaces. Leurs petits enfants s’ennuient car, contrairement à la FNAC, on ne peut feuilleter les BD sans les acheter.

La soirée d’ouverture n’a aucun intérêt si ce n’est le champagne offert. J’en bois toujours le plus possible et, quand il n’y en a plus, je passe au vin rouge. Je traîne alors mon élégance hautaine dans les allées. L’alcool triste, je regrette le départ des vaches et des poules et achète des livres que je ne lirai jamais.

A l’allée H, je tombe sur les éditions Intervalles, une petite maison qui publie de bonnes choses passant souvent inaperçues, faute de moyens pour lutter contre les grands groupes. Mikaël Hirsch est là. "Avec les hommes" était excellent. La critique l'apprécie mais le grand public le connaît peu. Il parle de sa vie organisée autour de l'écriture, sirote un verre en attendant le succès.

Derrière le stand, une fille ravie dédicace son premier livre. Rachel Vanier me dit-on. Jolie.

L’ensemble du salon est non-fumeur mais je retrouve un peu plus tard Rachel, clope au bec au rayon jeunesse. Perchée sur ses talons, elle nargue les vigiles en enfumant les enfants.

Nous avançons vers les best-sellers. Derrière les éditions XO, je dérobe une bouteille de Champagne et passe la barre des 2 grammes sans difficulté. Elle me parle de son roman : Hôtel International. A ses côtés, on pense vite à un hôtel.

Elle me décrit ses personnages, évoque le Cambodge, le deuil, mais je ne l’écoute pas. Je me fous que Rachel Vanier soit dans Grazia, je me fous que Beigbeder lui consacre une pleine page dans le FigMag, je me fous même qu’elle soit écrivain. Je suis accroché à ses jambes, à sa fossette, à ses yeux bleus, et j’ai comme une envie de la coucher sur la pile des Marc Levy, lui enfoncer la tête dans les Guillaume Musso et que nos sucs intimes abreuvent pour une fois ces feuilles ineptes !

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