L' Alcoolique Mondain
  • Journal érotico-cynique de Théophane Dumartray
  • Edito
  • Art & Littérature

Golden Porn chez Golden Age

25/5/2016

0 Commentaires

 
​Le porno vintage fait figure d’œuvre d’art chez Golden Age. Fondée par Ambroise Alliou et Alexandre Neimann, la boutique dédiée au mobilier des Trente Glorieuses accueille également des expositions. L’érotisme des années 1950 à 70 y était pendant quelques semaines à l’honneur.
Temps sec pour la soirée d’ouverture mais l’intérieur était humide.
 
Raffinements pour jeunes filles super vicieuses
 
Au milieu des godemichés en céramique et bois sculpté, une assemblée élégante déambule, verres de spritz à la main, devant des affiches aux titres prometteurs : « L’école du sexe » ; « Contes de Grimm pour grandes personnes » ; « Les salauds vont en enfer », » ; « Les chattes plus ouvertes et plus offertes » ; « Raffinements pour jeunes filles super vicieuses » ; « Tout mais pas ça… »…  On y croise de jolies filles, Eléonore de la Grandière (cofondatrice des éditions Daphnis et Chloé), Mathilde Lalin-Leprevost (Pierre Bergé & Associés), Violaine d'Astorg (Osenat), quelques commissaires-priseurs et marchands d’art. Un vieil avocat, gêné devant « Les caresses interdites d’une salope », demande poliment à la serveuse où sont les commodités. Une jeune fille en veste de cuir et leggings noirs s’attarde devant une ceinture bondage en cuir pleine fleur.
 
Au mur, les affiches de films « à caractère pornographique » rappellent qu’il fut un temps où l’on regardait des vulves en gros plan dans des cinémas généralistes. Il y a des bourrelets, des poils, des rides. En comparaison du porno contemporain, digital et aseptisé, celui des soixante-huitards apparaît profondément humain et réaliste, presque ludique. L’esthétisme léché des affiches surprend. « Les bobines super8 coûtaient l'équivalent d'un demi SMIC, fait remarquer Alexandre Neimann, on n'avait pas le même rapport à la diffusion d'images pornographiques ». D’ailleurs, elles sont à vendre et s’arrachent comme des petits pains. « Les affiches sont très graphiques, la typographie est magnifique et les textes très drôles. Visuellement, c’est très décoratif » explique Ambroise Alliou.
Phallus en marbre et couvertures de Lui.
 
Au dessus d’un phallus en marbre, examiné par une publicitaire de TBWA, le mur est entièrement recouvert de vielles couvertures de Lui, « le magazine de l'homme moderne ». Si les lampes-seins et les verges en pierre ne conviennent pas à tous les intérieurs, ces anciennes éditions sobrement encadrées forment un tableau pop art et sexy qui trouve rapidement preneur. Le magazine est à sa place : pendant érotique de cette modernité industrielle et insouciante, il reposait déjà, quarante ans auparavant, sur les accoudoirs orange et les table basse suédoises qui meublent la pièce.
 
On entend les gratte-ciels pousser, Wall Street se porte bien, les guerres sont loin, la pilule arrive bientôt. Les mad men triomphent et les nichons se dévoilent aussi fièrement que le pognon. Les couvertures du magazine sont aussi le reflet de cette époque. Les couleurs sont flashy, les poses provocantes, les filles sportives. Les mannequins d’alors ne sont pas des brindilles torturées se nourrissant de quinoa bio, mais des fêtardes qui soignent leur gueule de bois en faisant du monoski.
 
Un univers de fantasmes, un peu comme Eurodisney
 
Le graphisme des affiches, les jeux de mots des titres, les sourires gourmands des actrices rappellent que les Trente Glorieuses n’étaient pas qu’un concept économique. La société de consommation promettait également du plaisir en masse et les culottes s’envolaient aussi rapidement que les actions en bourse. Parlant bourse, quand on titille l’organisateur en lui demandant si le porno n’est pas un spectacle machiste, inévitablement humiliant pour la femme, il réplique que «c'est d'abord un univers de fantasmes, un peu comme Eurodisney pour les enfants. Ce sont des gens consentants qui inventent un monde, créent des univers dans un décor qu'ils ont imaginé et au sein duquel les femmes tiennent le rôle principal ».
 
En fin de soirée, on retrouve la fille en leggings noirs sirotant son huitième spritz. Ce qui ressemble à un intellectuel de droite l’interpelle : « une époque matérialiste, égoïste et destructrice peut-elle vraiment être un âge d’or ? ». Elle le regarde, abandonne un instant sa paille et ses glaçons et répond « oui, je crois ». Derrière elle, l’affiche a pour titre : « Le cri de la chair ».
 
 
Golden Age
 
4 Passage Ruelle
75018 Paris
Jeudi-Samedi // 11h – 19h
Dimanche // 14h – 19h et sur rendez-vous
http://www.goldenage.fr/
https://www.facebook.com/vintagegoldenage/?fref=ts
​
0 Commentaires

Salon du Livre

26/3/2015

0 Commentaires

 
Lorsque j’ai envie de détester davantage l’humanité, je vais au Salon du livre écouter les auteurs vedettes répandre leur diarrhée verbeuse sur un public ravi.

La sauterie littéraire se tient porte de Versailles, c’est à dire à l’endroit le plus moche de Paris pour être bien certain que le public considère, pour de bon, la lecture comme une activité périphérique et ringarde, et cesse définitivement de lire.

Le Salon du livre est bien moins divertissant que le Salon de l’agriculture, mais les truies sont plus jolies. Les intellectuels baladent leurs écharpes en cashmere et leurs miasmes de fin d’hiver, les étudiants en lettres leur paresse et leur incurie. Les attachées de presse rayonnent. Les éditeurs tentent d’avoir l’air heureux. De vieilles habituées jouent des coudes pour obtenir des dédicaces. Leurs petits enfants s’ennuient car, contrairement à la FNAC, on ne peut feuilleter les BD sans les acheter.

La soirée d’ouverture n’a aucun intérêt si ce n’est le champagne offert. J’en bois toujours le plus possible et, quand il n’y en a plus, je passe au vin rouge. Je traîne alors mon élégance hautaine dans les allées. L’alcool triste, je regrette le départ des vaches et des poules et achète des livres que je ne lirai jamais.

A l’allée H, je tombe sur les éditions Intervalles, une petite maison qui publie de bonnes choses passant souvent inaperçues, faute de moyens pour lutter contre les grands groupes. Mikaël Hirsch est là. "Avec les hommes" était excellent. La critique l'apprécie mais le grand public le connaît peu. Il parle de sa vie organisée autour de l'écriture, sirote un verre en attendant le succès.

Derrière le stand, une fille ravie dédicace son premier livre. Rachel Vanier me dit-on. Jolie.

L’ensemble du salon est non-fumeur mais je retrouve un peu plus tard Rachel, clope au bec au rayon jeunesse. Perchée sur ses talons, elle nargue les vigiles en enfumant les enfants.

Nous avançons vers les best-sellers. Derrière les éditions XO, je dérobe une bouteille de Champagne et passe la barre des 2 grammes sans difficulté. Elle me parle de son roman : Hôtel International. A ses côtés, on pense vite à un hôtel.

Elle me décrit ses personnages, évoque le Cambodge, le deuil, mais je ne l’écoute pas. Je me fous que Rachel Vanier soit dans Grazia, je me fous que Beigbeder lui consacre une pleine page dans le FigMag, je me fous même qu’elle soit écrivain. Je suis accroché à ses jambes, à sa fossette, à ses yeux bleus, et j’ai comme une envie de la coucher sur la pile des Marc Levy, lui enfoncer la tête dans les Guillaume Musso et que nos sucs intimes abreuvent pour une fois ces feuilles ineptes !

Photo
0 Commentaires

    Archives

    Mai 2016
    Mars 2015

    Catégories

    Tout

    Flux RSS

Powered by Create your own unique website with customizable templates.
  • Journal érotico-cynique de Théophane Dumartray
  • Edito
  • Art & Littérature